• Voici deux romans jeunesses qu'on ne peut lâcher jusqu'à la dernière page...

     

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  • En publiant des écrits qui ne sont pas de sa main, un jeune auteur va connaître la gloire, mais aussi se perdre lui-même. Alors que l'écriture repose sur la sincérité, manipuler des histoires qui ne sont pas les siennes change t-il quelque chose à la vérité ? 

     
     
    Crééalalanom
     
    Le menteur a besoin des autres pour être cru, rendre ses illusions possibles. Quand il arrive à imposer ses mensonges à leurs yeux, alors ce qu'il dit devient la vérité. Dans ce film, un jeune homme écrit sans inspiration, entre deux petits travaux de déménagement qu'il exerce pour gagner sa vie. Un travail peu mirobolant, sauf que dans une maison désormais inhabité, mais peuplé de souvenirs, Mathieu va trouver un carnet relatant les mémoires d'un soldat durant la Guerre d'Algérie, et aussitôt s'en emparer. Avec les écrits d'un autre, l'homme sans histoires devient un romancier adulé. Et des millions de lecteurs vont donner vie à cette imposture. Alors pour la maintenir, Mathieu n'a d'autres choix que d'imposer un peu plus ses mensonges. 

    Pour le philosophe William James, la vérité est ce qui réussit, ce qui est utile "ce qui est vrai est ce qui réussit de n'importe quel manière". La vérité dépend alors de si j'y crois ou pas, de la signification que je lui donne. Pas trop moral et rigoureux comme théorie. Sauf que dans le film cette conception marche à merveille ; les mensonges de Mathieu lui permettent d'accéder à une vie luxueuse auprès de ses beaux parents et de sa copine, "son" livre se vend en milliers d'exemplaires tandis qu'il dilapide son argent sur la Côte d'Azur, et tout le monde le pense écrivain ! 

    Seulement tout cela l'entraîne dans une spirale infernale. A la fois auto destructeur, le personnage de Mathieu se révèle être un manipulateur inconscient. Dans ses mensonges il n'est pas sec, ardi, sûr de lui. D'ailleurs il semble oublier qu'il en dit des mensonges, pas sûr de ce qu'il fait, pas sûr qu'ils soient mauvais, encore peut être enfantin dans sa manière de répondre. Depuis Descartes, d'autres philosophes tel que Spinoza pense que la Vérité émane certes d'abord de nous, de notre pensée, mais à la condition qu'elle soit en accord avec le Réel. Ici les illusions de Mathieu le retranche un peu plus dans sa solitude ; comme si à force de dresser une frontière entre soi et les autres, il se troublait entre ce qui existe dans la réalité, et dans sa conscience, ne sachant plus ce qui est permis. Il agit par et pour ses mensonges, qui deviennent sa réalité à lui, qui n'est pas relié au réel. Se rend-il compte que dans tout ce qui lui arrive, rien n'est grâce à lui ? Perdre ses repères, son humanité, est-ce le prix à payer pour avoir ce que l'on veut ? Ce qui devient ironique, c'est que le personnage de Mathieu doit mentir pour préserver ce qui est devenu la vérité pour les autres.

     

    ALORS QUE

    Si "Sable Noir" connaît autant le succès, c'est qu'il contient les mémoires d'un homme qui a vécu la guerre, qui parle de son histoire avec sincérité et bouleversement. Ce qui donne lieu à un style que tous jugent "abrupte""sec", qui lui confère cette puissance "au delà de tout ce que l'on peut imaginer". Il paraît en effet impossible de rechercher à romancer, à esthétiser quelque chose qui nous transforme pour toujours. D'où une écriture directe, qui se ressent.

    La littérature cherche à dire la vérité. Les romans sont très souvent inspirés de la vie de leur auteur, ce qui donne lieu à un mélange entre la fiction et la réalité, une oeuvre à la contrée de plusieurs genres. Les écrivains cherchent à se raconter, et quand cela les touche de près, il y a comme un "pacte de confiance" avec le lecteur ; on livre entièrement sa personne à son regard. L'on ne peut pas tricher sur soi sans que cela se ressente. 

    Dans ce film ce qui est ironique c'est que si le personnage de Mathieu arrive à maintenir l'illusion qu'il est un écrivain, il ne parvient cependant pas à trouver assez d'imagination pour écrire un roman, à écrire sur quelque chose qui vient de lui même. Ce qui va pourtant finir par arriver. 

     

    PARCE QUE 

    La vérité. Au lieu de mensonges, qu'il impose à tous pour préserver son identité, c'est la vérité qu'il va finir par laisser sortir. Ce qui donnera naissance à son roman, "Faux Semblants". Un livre qui donne à voir les véritables pensées d'un auteur, n'est-ce pas la plus belle des façons de montrer que le roman est un révélateur de vérité ? Et pour le personnage du film, c'est une victoire. 

     

    Le point Littéraire - - - - - - - - - - - - - - - - - -

    L'une des question que peut poser le film "Un homme idéal" serait "qu'est-ce que le nom d'un auteur change à l'histoire en elle-même" ? 

    Le nom est en effet accolé au récit, uniquement visible sur la page de couverture, on pourrait dire qu'il ne fait pas réellement parti du récit. Sauf qu'au contraire, le narrateur en fait parti intégrante, parce que sa vision donne le ton du roman. Chaque livre est unique, de part la variété des points de vues et des interprétations possibles. Quand on sait qu'on lit un livre d'un auteur qui, sans l'avoir vécu, explore une période de l'histoire, on est tenté en tant que lecteur de mettre plus de distance avec ce qu'on nous raconte, étant donné qu'on n'y croit pas de la même manière. Exemple avec les livres jeunesse, "Les colombes du Roi-Soleil", ou d'autres sur Marie-Antoinette... Le but de ce type de livre n'est pas la vérité pure, sur des personnages ou sur l'époque, et l'écriture se veut romancé, détaché du réel.

    Alors que, penser que c'est un véritable héros de guerre qui a écrit le livre donne plus de poids à l'écriture, comme pour "Sable Noir" dans ce film. Le lecteur se dit que ce qu'il lit est réellement arrivé, autrement que sous la forme d'un roman. Ce témoignage écrit devient dès lors un récit de vérité, et non plus une histoire romancé selon un style particulier, fait par un écrivain qui donne à voir sa propre vision de l'histoire. Dans le film, aucun ne se doute que "Sable Noir" est écrit par un vrai combattant de l'armée, mais c'est parce que c'est réellement le cas qu'il touche autant les personnages de ce film. 

     

    Et vous, avez-vous vu le film ? Avez-vous envie de le voir ?


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  • [G]Emma l'héroïne

    _ Critique mêlée du film et du livre sur (G)Emma Bova/ery
     
     
    Encore une fois, le lecteur se laisse prendre au jeu de l'illusion littéraire  tandis que les personnages, plus vivant que jamais, prennent le pas sur leur destin de papier... Ah moins qu'un lecteur trop corrompu par les belles-lettres ne décide de s'en mêler. Qui du lecteur ou du faux-personnage se perdra en premier ? Car tout semble coïncider pour faire de Gemma Bovery la  digne relève de celle dont elle semble avoir tout en commun, sa presque homonyme Emma Bovary. N'y a-t-il pas des signes  avant coureur du désastre qu'il faudrait empêcher, de trop troublantes similitudes dans ses deux femmes, au point que le petit boulanger de ce coin perdu de Normandie, devenu totalement obnibulé, tentera d'interférer dans l'Histoire elle-même ? Mais ne dit-on pas que les écrits restent ? Vivre à côté, où dans l'illusion de personnage de romans est bien plus dangereux de fausseté qu'on ne le croit... 
    Nous nous y perdons nous aussi ; tout en douceur, sans que rien ne semble l'y prédestiner, le déterminisme de ses deux histoires parallèles les réunira.  Il devient impossible d'y croire, malgré toutes les similitudes qui les lient, tant Gemma est dans le caractère l’anti  /  thèse d'Emma. Ce déterminisme qui semble les guider se propage doucement, sournoisement, presque délicatement dans ces vies, qui ne deviennent alors que les jouets du sort. 
     
    Manière d'aborder le film :
    En Philosophie : sommes-nous amené à répéter les mêmes patterns ?
    En Psychologie : Les actes d'autrui ont-ils une incidence sur mes choix ? 
    En Sociologie :  Comment les lieux dans lequel nous vivons ont-ils une prise sur nous ? (Le fait que l'histoire se déroule, même à plusieurs siècles d'intervalle, dans un lieu semblable, campagnard et en Bretagne, influence beaucoup la perception du boulanger jusqu'à l'induire en erreur)

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