Pourquoi lire ? On vous donne de plus en plus de raison de le faire. Pendant que des études s'intéressent aux effets du livre sur le lecteur et que l'auteur Régine Detambel sort le superbe "Les livres prennent soin de nous", les journaux, totalement à contre courant, assimilent le livre à un objet servile, en parlant de lui comme d'une méthode qui fera passer toute nos angoisses à coups de pages. Pourquoi les livres devraient-ils se destiner à un rôle de psychologue ? Et au fond, ne peuvent-ils pas être aimé pour eux-même ?
A Londres, on prescrit déjà des livres comme on sortirait de chez le médecin avec une ordonnance. Bon ce concept n'est peut être pas si courant que ça, mais n'empêche qu'il commence à se développer aussi en France. ça s'appelle le "bibliocoatching", un concept qui a vraiment un nom fumeux dont le but est de faire débourser 39€ par séance à ceux qui veulent apprendre à mieux vivre. Vous pourrez assister à des cours qui vous apprendront à "vivre en paix avec votre famille" ou à "harmoniser votre vie pro et perso". Enjoy.
Hheureusement la bibliothérapie propose que chacun travaille de manière individuelle autour des livres.
Chez nous, c'est l'auteur Régine Detambel ("Son corps extrême", "Opéra Sérieux" ) qui fait la promotion de ce qu'elle appelle une "bibliothéraphie créative", à travers "Les livres prennent soin de nous", éditions Actes Sud. Il s'agit de puiser dans les textes les émotions les plus vrais, les plus proches de nous, qui nous permettraient de mettre des mots sur notre ressenti, et de soulager nos peines. Sentir que toutes nos émotions sont profondément universelles, pour "trouver ce qu'il y a de plus humain en nous".
Même s'il y a un but thérapeutique, il n'est pas question de proposer des livres de développement personnel. Invitée de France Inter dans l'émission "L'Heure des rêveurs", Detambel y explique comment Goethe c'est guéri d'un chagrin d'amour, après qu'un ami lui est lu en boucle un passage déchirant de... son propre livre ! évoquant une rupture douloureuse. L'histoire d'Hommes guéris après la lecture d'un livre n'est pas un mythe. Pour peu que l'on arrive à trouver chez Proust, Céline ou Sarraute, tous ses auteurs qui deviennent des compagnons de route, les passages qui nous confèreront force, vitalité, protection, joie et compréhension -au choix-.
Autre précepte de Detambel, le lecteur doit se montrer actif dans la création de sa liste de lecture, contrairement au "bibliocoaching" pratiqué surtout en Angleterre, à base de manuel de développement personnel remis après deux consultations facturé à 400€.
Joubert n'aurait peut être pas été d'accord, lui qui pronaît l'idée d'une lecture "totalement désintéressé, gratuite", pour mieux se "perdre de vue", lire un livre pour ce qu'il a a nous offrir. Mais intéresser des personnes à cette activité passe peut être par leur prouver que les livres peuvent être proches de leurs envies ou de leurs préocupations, sans ôter la découverte et l'imprévu auquel il nous confronte, car on ne peut jamais y trouver que ce que l'on cherche.
Cependant s'en servir comme d'un médicament est l'un des pires sorts qu'on puisse lui réserver.
Le nouveau livre "Remèdes littéraires" paru aux éditions Lattès est en soi très étrange. Sur la couverture on y voit des antitodes contenant le nom d'un auteur, faisant ainsi office de principe actif. Ce livre se lit comme un dictionnaire : à chaque mot, "abandon", "vieillir", "suicide", "obésité", "absence de grossesse"... un livre à lire pour se guérir ! C'est un peu vite expédié, et réducteur aussi de penser que le même livre conviendra à chaque personne pour un problème donné. Convaincre les gens des bienfaits des livres est important, mais les standardiser ou les vendre comme des produits est très dangereux. Si un livre est comme un médicament, alors il faut faire attention à ses effets sur notre métabolisme... ou conseiller des livres en fonction des souhaits d'une personne.
Présentation de son livre sur son site internet :
ici + mot de couleur rose = lien